Si vous souhaitez vivre la sensation étrange de vous trouver sur un endroit du globe terrestre situé sous le niveau de la mer, vous pouvez par exemple vous rendre dans la Vallée de la Mort aux USA, où le point Badwater se trouve à 86 mètres sous le niveau de la mer. Ou encore sur certaines portions de la Mer Morte, situées à une altitude de moins 420 mètres.
Sans vous en être rendus compte, vous avez peut être même déjà goûté à des altitudes nettement négatives, et dans des endroits bien plus proches que le Moyen-Orient ou les Etats-Unis.
Par exemple lorsque vous décollez en Airbus A320 depuis l’aéroport de Nice, vous êtes à une altitude de moins 50 mètres (-50m). Si si.

Pour comprendre où se trouve la supercherie, regardons cette petite expérience à laquelle je me suis livré sur un vol Bordeaux-Nice.
Petite expérience
Le seul instrument utilisé a été une montre de running avec baromètre et GPS intégrés.
J’ai mis ma montre en fonctionnement au moment du début de roulage sur l’aéroport de Bordeaux dont l’altitude de référence est environ de 50 mètres, voici les résultats enregistrés.



Pendant le roulage, la cabine est quasiment à la même pression que l’extérieur de l’avion. En revanche, dès le début de la mise en puissance des réacteurs, la pression de la cabine augmente (donc son altitude chute). A tel point que la pression cabine arrive à atteindre la valeur que l’on rencontre à une altitude standard de -10 mètres.
Vous pouvez réaliser cette expérience sur Nice, vous verrez que l’altitude de la cabine descend jusqu’à environ -50 mètres.
En réalité ce petit test permet juste de valider ce que nous expliquent déjà les constructeurs d’avions dans leur documentation.

Sur l’Airbus A321 par exemple, le constructeur a prévu que dès la mise en puissance des moteurs la différence de pression entre l’air extérieur et la cabine (Delta P) sera de +0,1 PSI jusqu’au décollage, puis durant tout le vol la différence de pression ne devra jamais excéder 8 PSI. Tout cela sans jamais dépasser l’altitude cabine de 8000ft.
C’est un peu compliqué, résumons.
Durant la phase de décollage, Airbus pressurise sa cabine à +0,1 PSI par rapport à la pression extérieure. L’altitude virtuelle de la cabine est donc environ 55m inférieure à l’altitude réelle à laquelle se trouve l’avion. Donc durant la phase de décollage sur la piste, la cabine est « gonflée » légèrement.
A partir du moment où les roues quittent le sol, la pression de la cabine va grosso-modo suivre l’évolution de la pression extérieure, tout en respectant deux limites :
- la différence de pression entre la cabine et l’extérieur ne doit pas dépasser 8 PSI
- l’altitude de la cabine ne doit pas dépasser 8000ft (environ 2400m) en conditions d’utilisation normales (règle de certification)*

Si l’on applique les données Airbus sur les données issues de la montre obtenues au décollage de Bordeaux, on voit bien que tout se passe comme prévu (ouf).
Mais alors pourquoi pré-pressuriser la cabine bien avant que l’avion ait quitté le sol ?
Et bien tout simplement parce que les constructeurs d’avions ont aussi pensé au bien être des passagers, et à leur confort auditif. La pré-pressurisation permet d’amortir la prise rapide d’altitude lors du décollage (environ 800m par minute), qui causerait au minimum une gêne au niveau des oreilles, au pire de très fortes douleurs. Comme lorsque l’on prend de l’altitude en voiture, mais en beaucoup moins de temps.
Cette pressurisation précoce a également pour fonction de rendre le fuselage de l’avion plus rigide au moment du décollage.
Le processus est le même à l’atterrissage, mais dans l’autre sens.
La pré pressurisation n a t elle pas également pour but de rigidifier l avion ?
Un bouteille gonflée est plus rigides qu une bouteille à pression embiante.
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Si, tout à fait.
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